Jonathan Rosenbaum et le gĂ©nie documentaire de Françoise Romand : L’Ă©loge de Mix-Up

Jonathan Rosenbaum est nĂ© le 27 fĂ©vrier 1943 dans l’Alabama, États-Unis. Il est acteur et directeur de la photographie. Il est connu pour De l’autre cĂŽtĂ© du vent (2018), Hotel New York (1984) et Hollywoodism: Jews, Movies and the American Dream (1998). Photo depuis IMDb

Jonathan Rosenbaum, critique influent et fervent admirateur de Françoise, qualifie son premier documentaire Mix-Up (1985) de « chef-d’Ɠuvre radical et innovant ». Ce film raconte une histoire fascinante et vraie : celle de deux bĂ©bĂ©s Ă©changĂ©s par erreur dans un hĂŽpital anglais en 1936, une vĂ©ritĂ© rĂ©vĂ©lĂ©e deux dĂ©cennies plus tard. GrĂące Ă  une approche audacieuse mĂȘlant interviews et reconstitutions stylisĂ©es, Romand transforme une simple anecdote en une exploration cinĂ©matographique dense, que Rosenbaum compare Ă  un roman de 500 pages, tant par la profondeur narrative que par sa richesse Ă©motionnelle​.

Ce documentaire dĂ©passe les frontiĂšres du factuel et s’impose comme une Ɠuvre artistique unique. En mobilisant les familles impliquĂ©es dans des mises en scĂšne psychodramatiques, Romand brouille les frontiĂšres entre art et rĂ©alitĂ©, entre mĂ©moire et imagination. Rosenbaum souligne l’importance de cette mĂ©thode, qui engage Ă©motionnellement le spectateur et le pousse Ă  rĂ©flĂ©chir sur la vĂ©ritĂ© et l’identitĂ©. Selon lui, Mix-Up reprĂ©sente une fusion magistrale de choix esthĂ©tiques et d’initiatives Ă©thiques, illustrant la capacitĂ© du cinĂ©ma Ă  transcender les conventions​.

Pour Rosenbaum, l’approche de Françoise est exemplaire : « Son cinĂ©ma part de l’inconscient et rend l’invisible visible, tout en restant profondĂ©ment ludique. ». Le film, encore mĂ©connu malgrĂ© sa notoriĂ©tĂ© critique, est une invitation Ă  explorer les ramifications complexes de cette histoire humaine, tout en redĂ©finissant le documentaire comme un genre oĂč l’art et la vie s’entrelacent de maniĂšre indissociable​.

Voici sa critique parue dans Sight and Sound en octobre 2010 et publiée dans un recueil de ses critiques :


Sources :

Revue de presse – Mix-Up (1985)

TournĂ© en 1985, Mix-Up n’a pas cessĂ© de suscitĂ© l’intĂ©rĂȘt du public et des critiques. Vous le verrez au travers de cette revue de presse qui commence dĂšs 1986 !

Jonathan Rosenbaum : Dix meilleurs films dirigés par une femme septembre 2023


Ă  lire sur : https://www.humanite.fr/culture-et-savoir/la-vod-de-la-semaine/la-vod-de-la-semaine-mix-up-ou-meli-melo-de-francoise-romand-795601

La vod de la semaine. « Mix up ou mĂ©li-mĂ©lo » de Françoise Romand DĂ©couverte d’une cinĂ©aste mĂ©connue, Françoise Romand, dont le premier film, plein de fantaisie et d’inventivitĂ©, retrace de façon synthĂ©tique l’expĂ©rience de deux Anglaises Ă©changĂ©es Ă  la naissance par erreur. Une pĂ©pite concise et farfelue Ă  la fois.

PubliĂ© le Vendredi 19 mai 2023 Vincent Ostria « MIX UP OU MÉLI-MÉLO » DE FRANÇOISE ROMAND. FRANCE, 1985, 1 H 00 

A voir sur universcine.com 

Y a-t-il des cinĂ©astes injustement mĂ©connus? C’est certain. On peut citer le cas de Marcel Hanoun, stylistiquement proche de Robert Bresson, qui n’obtint jamais la reconnaissance qu’il mĂ©ritait. Mais il en est de plus obscurs encore, dont le statut marginal reste surprenant, eu Ă©gard Ă  la qualitĂ© et l’originalitĂ© de leur travail. Prenons le cas de Françoise Romand, qui tourne depuis 1977, et dont le premier long-mĂ©trage, « Mix-up ou mĂ©li-mĂ©lo », fut produit par la tĂ©lĂ©vision française en 1985. Sur le papier, il s’agit d’un documentaire : il retrace l’histoire de Peggy et Valerie, deux Anglaises du mĂȘme Ăąge qui furent Ă©changĂ©es par erreur Ă  la naissance et ne dĂ©couvrirent la vĂ©ritĂ© que vingt ans plus tard. On peut imaginer qu’Étienne Chatiliez s’est inspirĂ© de cette histoire vraie pour sa farcesque « Vie est un long fleuve tranquille ». Grosso modo, la cinĂ©aste met en scĂšne l’histoire in situ avec le concours des femmes Ă©changĂ©es et de leurs familles qui, on l’apprend, se connaissaient. Ces personnes tĂ©moignent face camĂ©ra et jouent des saynĂštes. Françoise Romand les filme de façon synthĂ©tique, ludique, avec un sens du cadre trĂšs rigoureux. D’une certaine maniĂšre, « Mix-up » est un anti-documentaire car on ne laisse jamais tourner la camĂ©ra sans intervenir (mĂ©thode Wiseman). Au contraire, les personnages rejouent leur vie, y compris des Ă©pisodes de leur jeunesse ; d’autres fois des figurants incarnent leurs rĂŽles lorsqu’ils Ă©taient enfants. À ce travail synthĂ©tique tournĂ© en 16 mm s’adjoignent des bribes de films de famille en 8 mm. Il y a dans cette Ɠuvre un caractĂšre net, brut et graphique, dont la folie douce fait le charme irrĂ©sistible. En prenant le contre-pied des clichĂ©s sur le « cinĂ©ma du rĂ©el » , en Ă©purant la rĂ©alitĂ© Ă  sa guise et en la rĂ©interprĂ©tant, Françoise Romand invente un nouveau style de cinĂ©ma oĂč la vraie vie devient Ă  son tour une fiction, qui permet de sortir enfin de la sacro-sainte routine du documentaire alternant interviews et sĂ©quences filmĂ©es sur le vif. Nous reviendrons sur cette rĂ©alisatrice trop ignorĂ©e, trop discrĂšte.

Vincent Ostria, mai 2023


Jonathan Rosenbaum, critique du Chicago Reader

Top Ten 1988 revu en 2022

https://jonathanrosenbaum.net/2022/02/top-ten
Mix-up classĂ© 1er des 10 meilleurs films de l’annĂ©e 88 par Jonathan Rosenbaum en fĂ©vrier 2022

Silvia Nugara, AH ! C’EST MOI!? LE CINÉMA-MIROIR DE FRANÇOISE ROMAND, filmidee.it , 2 mai 2016


Her masterpiece poses a genuine challenge by making art and life indistinguishable.

Jonathan Rosenbaum, Sight & Sound, volume 20 issue 10, octobre 2010

Le documentaire n’aurait pas Ă©tĂ© le mĂȘme si je l’avais tournĂ©e aujourd’hui.

Françoise Romand, Le Midi Libre, 30 septembre 1997

Curieuse affaire, curieux documentaire, trĂšs inventif, trĂšs malicieux, qui n’hĂ©site pas Ă  jouer sur le registre de l’humour et de l’histoire Ă  dormir debout.

Jean-Philippe Tessé, Les cahiers du cinéma, décembre 2006

One of the most remarkable and innovative documentaries ever made [
].

Jonathan Rosenbaum, Chicago Reader, March 3, 1995

Jonathan Rosembaum, Chicago Reader, Top 10 – The Best Movies of 1988


Les fiches du cinĂ©ma – FrĂ©dĂ©ric ARON

… « Car c’est un vĂ©ritable bijou. Tout au long d’un rĂ©cit passionnant, ce documentaire d’une heure invente une forme unique, ciselĂ©e tant par la libertĂ© et l’inventivitĂ© d’une cinĂ©aste inspirĂ©e que par l’aventure humaine que constitue le film. »


Sight & Sound – Jonathan ROSENBAUM (english)            


Culturopoing – Marion ODDON


New York Times – Vincent CANBY

« A deliciously oddball movie… sounds like the synopsis for a hilarious if cruel comedy… It’s the work of a filmmaker of original vision… »


Los Angeles Times – Michael WILMINGTON

… »A queer, distanced, high-tech style, with carefully composed and balanced frames, symbolic settings and many obviously scripted and staged scenes. There’s a pristine, farcical quality about the style, but its very overcomposed rigor ironically suggests the absurdity of a world where havoc can be wreaked by mere chance, where things simply can’t be controlled. Mix Up is as unique and interesting a documentary as you’re likely to see for quite a while. »


Village Voice – David EDELSTEIN

« …her intelligence and point of view – along with her youth and foolhardiness – is manifest in every frame. » 


Afterimage – BĂ©rĂ©nice REYNAUD


https://mubi.com/lists/jonathan-rosenbaums-1000-essential-films     


https://mubi.com/films/mix-up


San Francisco Examiner – MichaĂ«l SRAGOW


Chicago Reader – Jonathan ROSENBAUM (1995)