Jonathan Rosenbaum, critique influent et fervent admirateur de Françoise, qualifie son premier documentaire Mix-Up (1985) de « chef-d’œuvre radical et innovant ». Ce film raconte une histoire fascinante et vraie : celle de deux bébés échangés par erreur dans un hôpital anglais en 1936, une vérité révélée deux décennies plus tard. Grâce à une approche audacieuse mêlant interviews et reconstitutions stylisées, Romand transforme une simple anecdote en une exploration cinématographique dense, que Rosenbaum compare à un roman de 500 pages, tant par la profondeur narrative que par sa richesse émotionnelle.
Ce documentaire dépasse les frontières du factuel et s’impose comme une œuvre artistique unique. En mobilisant les familles impliquées dans des mises en scène psychodramatiques, Romand brouille les frontières entre art et réalité, entre mémoire et imagination. Rosenbaum souligne l’importance de cette méthode, qui engage émotionnellement le spectateur et le pousse à réfléchir sur la vérité et l’identité. Selon lui, Mix-Up représente une fusion magistrale de choix esthétiques et d’initiatives éthiques, illustrant la capacité du cinéma à transcender les conventions.
Pour Rosenbaum, l’approche de Françoise est exemplaire : « Son cinéma part de l’inconscient et rend l’invisible visible, tout en restant profondément ludique. ». Le film, encore méconnu malgré sa notoriété critique, est une invitation à explorer les ramifications complexes de cette histoire humaine, tout en redéfinissant le documentaire comme un genre où l’art et la vie s’entrelacent de manière indissociable.
Voici sa critique parue dans Sight and Sound en octobre 2010 et publiée dans un recueil de ses critiques :
Sources :